L’histoire se répète pour Jean-Jacques Demafouth

Publié le par centrafrique qui gagne

 

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Demafouth, ici en pleine conversation avec Abakor Sabone du MLCJ et Zakaria Damane de

l'UFDR lors du DPI de décembre 2008

 

 

On s’attendait à ce que les autorités de Bangui ouvrent les hostilités avec Baba Laddé dont les Centrafricains en ont ras’l bol des agissements mais c’est plutôt avec le vice-président du comité de pilotage du DDR Jean Jacques Demafouth qu’elles choisissent d’en découdre. Curieusement, le FPR de Baba Laddé ne figure pas parmi les mouvements de rébellion énumérés par Findiro et avec lesquels on accuse Demafouth de « comploter pour déstabiliser le pays ».

 

Il y a longtemps que Bozizé, autant que son entourage, ne porte pas Demafouth dans son cœur. Les deux se connaissent particulièrement bien. Cela remonte à l’époque du président Patassé où l’un fut chef d’Etat-major des Faca et l’autre ministre de la défense. Le rôle de l’un et l’autre dans le coup d’Etat manqué du général André Kolingba du 28 mai 2001 - qui a valu à Demafouth d’être arrêté et mis en prison par la suite par Patassé avant d’être jugé et relaxé par la justice – est demeuré flou jusqu’à présent.

Demafouth devait être conscient qu’avec Bozizé, il était comme en sursis et que celui-ci l’attendait au tournant, ce d’autant plus qu’il s’était désolidarisé de ses anciens compagnons du Collectif des Forces pour le Changement (CFC) tout en n’intégrant pas le Front pour l’Annulation et la Reprise des Elections (FARE 2011) crée par les candidats de l’opposition à l’élection présidentielle du 23 janvier 2011 dont Ange-Félix Patassé avant sa disparition. Il  a eu le tort de se singulariser et s’est ainsi malheureusement exposé et fragilisé malgré l’impressionnante escorte d’éléments de la MICOPAX qui l’accompagnent dans ses moindres déplacements dans la capitale et en province. Ce n’est pas pour rien et par hasard que Bozizé a tout fait pour l’obliger à quitter la base de la MICOPAX de Mpoko pour habiter dans une villa mise à sa disposition et chèrement payée mensuellement par lui.

 Avec les griefs que le pouvoir de Bozizé lui fait et révélés par le ministre de la justice Firmin Findiro, c’est donc pour la seconde fois dans son parcours politique que Demafouth doit faire face aux accusations de tentative de déstabilisation du pays et  d’atteinte à la sûreté de l’Etat. On se souvient que du temps du président Patassé, il avait également été accusé, à partir de l’enregistrement par les services d’une conversation téléphonique réelle ou supposée entre lui et l’ex-chef rebelle Jean-Pierre Bemba du MLC, de comploter avec ce dernier pour renverser Patassé. La cour criminelle, lors du procès de Demafouth, avait finalement rejeté le versement de cet enregistrement dans le dossier mais le doute a toujours subsisté.

Dans le climat délétère et de fin de règne actuel à Bangui, on ne peut présager de la crédibilité des accusations proférées par le pouvoir en place contre Demafouth tant l’atmosphère et de paranoïa qui prévaut depuis un certain moment, peut expliquer beaucoup de choses. Ce n’est pas la première fois que le régime de Bozizé accuse ses opposants de fomenter des coups d’Etat pour le renverser du pouvoir.

On se souviendra de l’annonce fracassante par le général d’opérette Jules Bernard Ouandé d’un grotesque projet de putsch attribué à l’ex et défunt président Patassé, programmé pour se dérouler sur toute une semaine et qu’il prétendait avoir étouffé dans l’œuf. On se rappelle aussi de cette invraisemblable convocation pour explication après un séjour en France, de Martin Ziguélé en présence du même Ouandé dans le cabinet du premier ministre Touadéra, au sujet d’une fiche l’accusant de vouloir préparer un coup d’Etat avec le soutien de la France et de prétendus « amis blancs ».

On ne peut cependant s’empêcher de penser néanmoins que le sort qui vient de lui être fait ainsi qu’aux autres mouvements de rébellion avec lesquels Bangui a non seulement signé de prétendus accords de paix mais toujours négocié jusqu’ici, va sans doute crisper davantage l’atmosphère politico-militaire dans le pays mais pourrait remettre sérieusement en question un programme DDR très poussif et qui n’a que trop duré. Bozizé doit apporter de sérieuses preuves de culpabilité contre Demafouth faute de quoi il lui sera très difficile de convaincre l'opinion. 

 

La Rédaction

 

Publié dans Nation

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