Mbaïki : Des cas de vengeance populaire perdurent dans la Lobaye
Selon un reportage de radio Songo de Mbaïki publié ce lundi, 10 cas de vengeance populaire ayant coûté la vie à des individus ont été enregistrés dans la préfecture de la Lobaye entre janvier et décembre 2011.
Selon les informations collectées au sein de la population, nombreux sont les citoyens qui souhaitent régler eux-mêmes leurs affaires au lieu de faire recours à la justice. « D’après trois personnes sur quatre interrogée, la justice légale n’inspire pas confiance parce que les jugements n’aboutissent toujours pas, et puis « la procédure est longue ».
« La justice a beau condamner, infliger des amendes et des peines, ces sujets n’ont jamais purgé totalement leurs peines. Aujourd’hui ils sont en geôle, demain ils sont dehors. Face à cette situation que je considère comme de l’injustice, on préfère agir soi-même», a confié un citoyen à radio Songo.
Pour le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Mbaïki, Thierry Léaodémona, si la population n’a pas confiance à la justice, la faute n’appartient pas aux magistrats. Il faut, selon lui partir d’une grande sensibilisation pour faire savoir aux citoyens centrafricains que la RCA est un pays de droit et a signé plusieurs conventions.
« Nous sommes à l’air de la mondialisation, comment un Centrafricain fautif doit être lapidé ? Passé à la vindicte populaire ? Quelle image de notre pays on veut montrer au monde ? », S’est-il interrogé.
« Depuis que j’ai commencé a œuvré comme procureur à Mbaïki, même pas une fois un présumé sorcier, ou un présumé voleur n’a été retrouvé au quartier le lendemain comme prétend la population (..). Le problème de la justice populaire est très spécial dans la préfecture de la Lobaye », a déploré le procureur.
Il a expliqué que ce que la population considère comme une mauvaise justice est la méconnaissance des procédures judiciaires. « Si tu n’as pas raison, si les éléments de preuve ne sont pas établis, le juge applique la loi et vous perdez le procès, il y a ce qu’on appelle la forme et le fond, ce sont ces deux éléments qui font gagner ou perdre un procès »,a relevé le Procureur.